Lors de la première séance d’art thérapie, un entretien avec le thérapeute permet au patient d’évoquer son mal-être et ses attentes. Le déroulement des séances suivantes varie, lui, en fonction de l’art choisi, mais poursuit quand même toujours le même objectif : développer un langage symbolique donnant accès à ses sentiments enfouis pour pouvoir ensuite les intégrer. Prenons l’exemple de la peinture, la matière la plus fréquemment utilisée en consultation.
Dans tous les cas, commente Geoffrey Troll (co-auteur, avec le Dr Jean Rodriguez, de “l’Art thérapie, pratiques, techniques et concepts”, Ellébore, 1995), artiste et formateur en art thérapie, notre but est de donner une impulsion de création au patient. Nous sommes des guides montrant les chemins possibles. » Une fois le processus enclenché, le rôle du thérapeute est d’encourager le patient à poursuivre ou à développer – sans jugement – un mouvement, une forme qui se répète d’une production à l’autre et qui semble porteur de sens.
L'art-thérapie apporte aussi un soutien thérapeutique aux personnes confrontées à une détresse émotionnelle. Il s’agit principalement d'encourager les patients à exprimer ses sentiments et émotions sous une forme visuelle ou plastique (peinture, sculpture, dessin, etc.)
« L’accompagnement du thérapeute est discret », annonce Jean-Pierre Klein. Il ne se contente, dans un premier temps, d’accueillir les productions, de les orienter dans le sens d’une plus grande clarté, ce qui n’exclut pas la complexité. Car il ne s’agit pas non plus de se satisfaire du moindre trait, de dessins bâclés, de petits cœurs ou de jolies fleurs. Se contenter de peu est dévalorisant pour tous. La fonction de l’art thérapeute est donc de pousser, avec beaucoup de prudence, le patient vers toujours plus de profondeur. » Car c’est lorsque la personne lâche enfin prise et quitte la superficialité que la thérapie avance.
En cours de séance, certaines personnes expérimentent ainsi des "surprises de conscience". « D’un seul coup, le sens de leur production s’impose, poursuit Jean-Pierre Klein. C’est comme si une évidence longtemps secrète leur sautait aux yeux. » Cela peut être un souvenir oublié, une émotion longtemps refoulée, une association particulière d’idées… L’art thérapeute a, dès lors, une fonction d’écoute pour soutenir la prise de conscience au même titre qu’un thérapeute classique.
Après avoir achevé sa production, ce dernier est ainsi invité à parler de ce qu’il a ressenti durant la création, de ce que celle-ci lui suggère. Chacun doit pouvoir, en effet, poursuivre son cheminement à son rythme, sans être brusqué par des révélations qu’il n’est pas prêt à entendre.
« Notre rôle, conclut Jean-Pierre Klein, ne se situe donc jamais dans l’explication de l’origine du trouble du patient, en ce sens que nous ne proposons pas une interprétation des œuvres. » Il est inutile de s’attendre donc à des révélations du genre "rouge=agressivité" ou "mouvement vertical=phallus". Ces raccourcis sauvages n’ont guère leur place ici.